«La puissance de l’énergie verte va créer des milliers d’emplois au Sénégal»
Président du groupe
Bioclimatec, Cyril Vidal offre, avec son entreprise, des solutions «green»
pour une indépendance énergétique. Visionnaire et homme de terrain, ce presque
quinquagénaire (43 ans) vit et fait vivre le défi vital de la transition
énergétique au Sénégal depuis 2 ans. Entretien exclusif pour Quoi de vert ? qui a eu le bonheur
humain de côtoyer et d’être accompagné par Cyril Vidal, lors de la journée de
lancement du magazine. Avec en bandoulière les verbes agir et avancer. Ce
passionné de l’éner-gétique depuis l’âge de 17 ans est français de naissance et
sénégalais d’adoption. Divorcé et père de deux filles, il fournit tout un
gisement d’ap-pareils qui constitue le centre de ses activités
professionnelles. Proposant ainsi des services de pointe en matière d’énergie
renouvelable.

Quoi de vert ? : Pourquoi le choix du Sénégal comme pays d’implantation de votre groupe ?
Cyril Vidal : A titre personnel,
j’ai connu le Sénégal en octobre 2011. Une relation d’amour avec une femme qui
est devenue une relation d’amour avec l’Afrique. Le Sénégal est certainement
l’emblème de l’Afrique. C’est un pays très stable ; il y a des liens extrêmement puissants entre le Sénégal et la France. Je suis tombé fou amoureux de ce pays,
lors de mes quatorze voyages. J’ai
choisi le Sénégal comme terrain de défi.
Vous êtes le président du groupe Bioclimatec.
Que signifie Bioclimatec ?
Bioclimatec
est la contraction d’une synergie de trois mots : la biologie, le climat et la
technologie.
Nous sommes dans un
environnement qui se doit d’être de plus en plus bio.
«Bio»
veut dire de la protection à tout, du développement naturel. Donc bio comme biologie,
biochimie, bio... Il y a beaucoup de choses bios. «Clima» comme le climat, parce
que le climat dépend des produits verts.
Tout le monde se dit spécialiste du bio,
mais avant tout, le bio se définit dans un
monde où le climat n’est que la consé-
quence des activités de l’être humain
sur cette terre. Et enfin «Tec», parce
avec de la technologie, mais on
doit le faire dans une essence
bio, en dépendance avec le climat,
avec les énergies renouvelables
comme le soleil, le vent et l’eau qui
vont nous l’apporter.
Bioclimatec n’est pas bien connu
du public. Comment définissez-
vous la mission d’une telle structure
dans un pays où les alternatives énergétiques sont à l’état embryonnaire ?
Le
défi, c’est d’apporter plus que des capteurs solaires. Parce que tout le monde
vend du capteur solaire. J’ai participé au Ve Salon des énergies renouvelables
en 2012. J’ai été stupéfait de voir le nombre de vendeurs de capteurs solaires
au mètre carré. Or ce dont nous avons besoin, avant tout, c’est de solutions.
Peu importe que cela soit du soleil, du vent ou autre chose, nous avons besoin
de solutions. J’en veux pour preuve les trois semaines sans eau où 70 % de la
population de Dakar s’est retrouvée sans eau. Il m’a semblé comme un défi de
répondre à cela. J’ai créé une solution indépendante à cent pour cent, pour
avoir de l’eau pure. Ici, à la villa Bioclimatec (Ndlr
: Lieu où s’est tenue l’interview, dans le quartier de Yoff Layenne, à Dakar).
Vous ne dépendez ni du
réseau de la SDE ni de celle de la SENELEC. Comment faites-vous ?
C’est
tout simple. Nous bénéficions, en fait, à Yoff Layenne, d’une nappe phréatique
qui affleure à 7 m. Donc nous avons percé notre forage à 9 m jusqu’à 11 m. Nous
avons positionné notre pompe à 9 m. Tout ça est mis sous pression et alimenté
sous une bâche en bois pour éviter le plastique. Nous mettons cette eau en
pression, nous la filtrons et la purifions avant de la consommer.
Et
depuis deux ans, je bois de l’eau pure sans plastique, sans rien. J’ai le
plaisir de la
consommer devant vous.
Aujourd’hui, tout le
monde se plaint de la crise énergétique et de la cherté des services qui s’y
rattachent au Sénégal, en Afrique et partout ailleurs. Quelles sont les
solutions offertes par votre entreprise pour une efficacité énergétique
intégrant la réduction des coûts, puisque nous sommes dans un pays pauvre très
dépendant ?
En voie de
développement, dirions-nous. Cette crise est la résultante essentielle de la
dépendance sur l’énergie fossile.

Ici, à la villa, nous
sommes indépendants à cent pour cent. Pourquoi ? Parce que nous avons des
solutions qui consomment très peu d’énergie.
Donc
qui consomme très peu, peut être indépendant. Nous répondons précisément à un
développement conséquent de cela. Un point qui est important, c’est
l’agriculture. Il faut que l’agriculture se développe. Du moment où chaque
Sénégalais en se levant le matin pense à se procurer à manger et non pas à
travailler, cela reste un frein majeur. Mais pour que l’agricul-ture se
développe,
il
faut lui donner les moyens. Ces moyens, c’est l’eau ; nous avons de l’eau à
moins de 20 m de profondeur. Nous l’avons donc, l’eau.Comment capter l’eau avec
de l’énergie ? Comment avoir de l’énergie ? Nous avons du vent, du soleil et
d’autres choses ; notamment des groupes électrogènes verts qui peuvent
fonctionner à l’huile végétale brute. Je veux une révolution énergétique au
Sénégal et partout ailleurs, en Guinée, c’est possible. Cela ne dépend que de
nous.
On n’a pas besoin
d’explorer le vent ou le soleil. Les énergies dites renouvelables sont là,
présentes, mais le coût d’investissement est lourd. Que répondez-vous à cela?
Le
coût d’investissement est assez conséquent, certes. Ce qu’il faut, c’est de se
projeter dans les cinq, dix ou quinze prochaines années. J’ai mis sur pied un
département qui s’appelle Bio-Finance, qui est tout simplement du leasing
énergétique. Plutôt que d’acheter une solution, par exemple pour une villa,
pour une agriculture, cela revient aux alentours de neuf millions de francs ŒA. Si quelqu’un devait me payer ces neufs millions nets en cash, il pourrait
en avoir peur ; mais s’il s’agit de lire sur la marge ou le coût d’exploitation
qu’il aura, c’est largement absorbable. Et pour cela, je travaille avec des
organismes de la place et d’autres qui nous suivent.
Vous avez participé à
la journée de lancement du magazine du développement durable Quoi de vert? Que pensez-vous de ce magazine et quelle leçon
retenez-vous de cette journée de lancement?
C’est notre magazine à nous. C’est le magazine
dont nous avons besoin. Pour tout vous dire, j’ai mis sur pied un département
qui s’ap-pelle Biocom. Je rêvais d’avoir avec moi, avec
Bioclimatec,
un journal, un magazine pertinent qui va faire prendre conscience. Tout est une
question de prise de conscience. A partir du moment où, à notre peuple, nous
lui faisons reconnaître, admettre ou penser à avoir cette certitude que nous
allons révolutionner ensemble l’eau et l’énergie, c’est possible.
Mais
ça il faut le faire vivre. Pour le faire vivre, nous avons besoin des acteurs
comme vous (Ndlr : Communicants et journalistes). Vous avez une des clés
entre les mains.
Face à ces alternatives
énergétiques incontournables pour la réalisation d’un développement durable
que nous offre votre boîte, pouvez-vous nous parler d’un de vos produits afin
que les parties prenantes (citoyens, entreprises, particuliers, collectivités
et autres) puissent consommer ce qu’ils produisent, comme le soutien votre slogan ?
Nous,
nous disons : «Consommez ce que vous produisez.» La solution la plus
pertinente dont nous avons besoin, à l’heure actuelle, c’est l’eau. S’il n’y a
pas d’eau, il n’y a pas de vie. Comment pouvoir admettre qu’on ne va consommer
que l’eau que l’on peut et non pas l’eau que l’on veut ?
Pour
répondre à cela, j’ai créé notre station qui s’appelle «Biopure» qui est
composée d’une résultante de solutions par rapport à des soucis.
Le
premier souci, c’est le manque de pression d’eau. Il n’y a pas assez de
pression d’eau dans le réseau. Ce qui a pour conséquence de créer des boues qui
ne peuvent pas être lavées dans les différents niveaux, c’est-à-dire les
premiers ou deuxièmes étages. Parfois, il n’y a pas assez d’eau.
Le
deuxième souci, c’est le problème de la filtration de l’eau. S’il n’y a pas de
pression, il n’y a pas de filtre qui puisse épurer l’eau ; et le troisième
souci est lié au stockage. La dangerosité aussi de pouvoir stocker de l’eau
dans des bâches, dans des réserves d’eau en plein soleil et de couleur noire.
Cela développe des bactéries qui sont mortelles dont une qui s’appelle la légionelle.
Or, si
je le sais et que je ne fais rien, cela s’appelle non-assistance à peuple en
danger.
Est-ce à dire que l’eau
que nous donne la SDE n’est pas une eau de qualité?
Je ne suis pas placé pour
juger. Je m’abstiendrai de tout jugement. Ce qui compte, c’est le résultat. Ce
que je peux dire, c’est une eau qui est potentiellement bonne, mais qui a
besoin d’être accompagné par une performance de filtre et de mise en pression
absolument exceptionnelle.
Avec toute cette
batterie de solutions existantes, y a-t-il des prémices positives pour
l’accomplissement du «Green Power Energy» au
Sénégal ?
Absolument. Il y a des milliers d’emplois à créer, donc à
développer. La puissance de l’énergie verte va créer des milliers d’emplois
dans ce pays. Mon ami Ali Haïdar (Ndlr : Le ministre de la Pêche du Sénégal) qui
à l’époque était ministre de l’Environnement et du Développement durable, était
venu visiter la maison verte construite en briques de terre que nous avions
installée à la FIDAK (Foire internationale de Dakar). Le ministre avait visité
notre stand qui était en terre. Quatre jours plus tard, j’étais dans son
cabinet et il m’avait projeté le rêve de créer vingt mille emplois dans ce secteur.
Sa maison est en briques de terre donc elle consomme deux fois moins d’énergie
que la brique de ciment. Alors pourquoi nous consommons des maisons en
briques de ciment ? Parce que nous prenons comme modèle l’Europe. Est-ce que
l’Europe est un modèle ? L’Afrique a-t-il besoin du monde ou est-ce que c’est
le monde qui a besoin de notre Afrique à nous ? C’est la question que je me
pose.
Est-ce à dire
qu’actuellement au Sénégal, les autorités ne jouent pas leur rôle
d’accompagnement des structures comme la vôtre afin que cette transition
énergétique soit effective ?
Je
pense qu’elles n’ont pas tout à fait conscience de la puissance que cela va
créer. Si elles en avaient vraiment conscience, pour leur réélection
personnelle, elles le prendraient à bras le corps.
Si vous avez un message
à faire passer pour aller vers une transition énergétique, quel serait-il ?
C’est
de prouver ce que nous disons. C’est-à-dire agissons, venez nous voir à notre
villa, à votre villa, parce que j’ai plaisir à dire que le soleil ce n’est pas
mon soleil, c’est notre soleil, l’eau de la nappe phréatique, ce n’est pas ma
nappe à moi, ce n’est pas mon eau à moi, c’est notre eau. Agissons ensemble.
Votre mot de la fin?
Nous avons besoin de
vous. Vous avez besoin de moi. Agissons ensemble comme nous le disons. Nous
sommes ensemble.
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Propos recueillis par Baye Salla MAR
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