vendredi 27 juin 2014

« FAUT-IL RECONSIDERER LES ACCORDS DE PÊCHE POUR UNE DURABILITE DU SECTEUR ? »ClichéC


( SENEGAL-UE) Par Pape Mbor :

Cliché Aqua
Jamais accords n’ont fait aussi échauffé et ébouillanté les esprits envers les autorités étatiques, le ministre de la pêche, et l’UE. Avec l’annonce des accords de pêche, C’est un raz de marée qui a agité les médias sénégalais. Au cœur du problème, la somme de neuf milliards Cfa versé à l’Etat. Autorisant trente et huit (38) navires européens de pêcher sur l’espace maritime sénégalais ou zone économique exclusive (ZEE), pour une durée de cinq ans.

Cette acceptation, soutient l’Etat sénégalais ne concerne que le thon et le merlu (Thiof). Argument que les parties prenantes ont du mal à digérer et  considère la somme « dérisoire ». Mais la polémique autour des accords de pêche est-elle justifiée ? C’est ce que nous essayerons de voir sur ce papier.  

Que nous offre le tableau de la pêcherie mondiale ?
Face à la crise alimentaire qui se généralise. Il est admis désormais que  La gestion des ressources naturelles constitue l’un des chainons pour une pêche durable. Cette approche implique alors une nouvelle façon de gouverner. De surcroit rien qu’en 2009 : « 30% des stocks de poissons ont été surexploitées, 20% de plus qu’en 1974».Nous explique la cible 7b du document de synthèse sur les objectifs du millénaire pour le développement. « La plus grande proportion de surexploitation a été enregistrée dans les principales régions de l’Océan Atlantique, de la Méditerranée et de la mer noire, ou 50 % ou plus des stocks de poissons sont en dehors de leurs limites biologiques de sécurité ».ressort le document de synthèse.
Cliché/OMD

Existe-t-elle une raison légitime de reconsidérer les accords comme le soutient les organisations non gouvernementales ?
Selon la liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature l’UICN : « Le merlu est répertorié et fait du coup partie des 40 espèces de poissons menacés». Cette préoccupation a connu une application pratique avec le « sauvons le thiof » lancé par greenpeace Afrique pour effectuer un coup de zoom sur la surexploitation du « thiof » à ce titre un mareyeur  du nom d’Abdoulaye NDIAYE, à Ngaparou soutenait que : « Il n y’a plus de thiof au Sénégal. « Ceux retrouvés sur le marché sénégalais proviennent de la Guinnée Bissau ou des bolong, zones de  reproduction ou la pêche est interdite ».
 Publié le 24 juin 2014, le rapport de la Commission Océan Mondial donne  des explications sur les Captures en haute mer du thon. Et stipule que : «  Le thon tropical est aussi traqué à l'intérieur de la ZEE des pays africains, la raison principale des accords de pêche avec compensations financières entre l'UE et ces pays ». Dans Le Marin, un responsable d'Orthongel (organisation des armements français) expliquait qu’en 2013 que : «  les 2/3 des captures thonières se pratiquaient à l'intérieur des ZEE de ces pays africains... Il resterait donc 1/3 de prises en haute mer soit 33 000 tonnes de thon tropical... »

Cliché/Aqua
Pratiques de la participation et de la concertation pour un élan durable.
La disparition des espèces est un phénomène naturel. On constate néanmoins une accélération sans précèdent des phénomènes d’extinction. D’aucuns estiment ce rythme au moins à cent fois, probablement mille fois ce qu’il était avant l’apparition de l’homme. Il est de la responsabilité de tous les acteurs locaux et internationaux de  protéger ce patrimoine commun. Pour ne pas assister à un spectacle similaire à l’érosion massive des espèces disparu à l’ère géologique.  Aujourd’hui, il est crucial  d’appeler à la table des négociations les parties prenantes, car l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement montrent que ces préoccupations ne sont pas propres à une entité, mais à tous.

                                              Pape Mbor NDIAYE Consultant junior TSE3P-Réd chef Quoidevert?




mardi 24 juin 2014

REPORTAGE Mbeubeuss, décharge ou crime écologique ?

Cliché Quoidevert?
Dans une atmosphère polluée, un morceau de terre qui s’étend sur 600 hectares. Des pneus qui brûlent, des arbres cramés. De la fumée noire à vous couper le souffle. Une respiration difficile, provoquée par la poussière des camions d’ordures. Le bruit de moteurs et de klaxons rompent le silence. A quelques mètres des montagnes de détritus quotidiens, produits par les activités des habitants de la ville sénégalaise. Voilà Mbeubeuss, la principale décharge de Dakar, qui date de juin 1970 et qui accueille 24 heures/24, 7 jours sur 7 des ordures qu’acheminent les véhicules des déchets. Agricoles comme industriels.

Le site est à 25 km de la ville. Il offre des montagnes d’ordures qui représentent «960 tonnes de déchets journalières», selon le gérant de la bascule. Une enquête commencée en 2006 montre qu’en décembre de cette année que 14 pour cent des habitants de la zone sont affectés de maladie respiratoire. Une étude des résultats de l’enquête avait poussé la direction technique de la Communauté des agglomérations de Dakar (CADAK) à engager un processus d’arrêt d’exploitation de la décharge. Et de la transférer vers le centre d’enfouissement technique de Sindia, dans la région de Thiès. Jusque-là sans suite.
Selon Dr Diané du district sanitaire installé en plein cœur de la décharge, les cas ne sont pas si «diaboliques», vu la pollution de l’atmosphère. il soutient : «Les cas les plus fréquents sont les enfants qui sont affectés par les infections respiratoires, broncho-pulmonaires et des asthmes.» Il ajoute : «On note la présence du paludisme parce qu’il y a de l’eau stagnante au niveau de la plateforme. Avant d’être ministre de l’Environnement, Ali Aïdar passait de temps en temps. Il comprend donc le danger que représente la décharge. Les personnes qui vivent aux alentours du site subissent les radiations que des produits non identifiés provoquent.»
Demba Ka, cultivateur dans le quartier de Diamalaye, tient un périmètre familial au bas des montagnes de déchets. Il évoque le degré irréversible de calcination des cocotiers et la disparition des arbres : «La fumée a tout détruit, nous restons impuissants face à cette situation. L’Etat ne fait que dans la spéculation et ne prend pas de mesures concrètes pour arrêter ce désastre. Il avait prévu sa fermeture, mais jusqu’à présent on attend. Nous vivons de notre culture familiale et sommes loin d’être des salariés. Nos vies sont menacées. La fumée n’est pas une bonne chose pour la santé. La solution idoine est de déguerpir du site.

Cliché Quoidevert?
Sur les allées qui mènent vers la plateforme, des trieurs d’ordures. Hommes, femmes et enfants, de tout âge. Ils se précipitent pour être les premiers sur les véhicules qui viennent pour déposer les déchets. Histoire de se faire une part belle. Dès l’entrée des camions les trieurs s’accrochent derrière pour se les approprier. Quel que soit le prix sanitaire.
Selon Awa, l’une d’entre elles, «la fouille s’opère lors du trajet des camions de poubelles vers la plateforme, car il existe une âpre dispute pour les territoires».
Le visage couvert de poussière, elle ramasse les ordures depuis 8 ans. Et n’a jamais consulté de médecin, malgré une toux chronique, qu’elle dit adoucir avec du lait chaque soir.
«Je m’appelle Awa. J’habite Keur Massar. C’est ici que j’effectue les tris. La vie est dure à Dakar. Il y a trop de monde à l’intérieur de la décharge et ils n’hésitent pas à prendre tes tas de collecte. On préfère rester à la porte. Nous cohabitons avec ces petits que vous apercevez au sommet. Il n’y a pas longtemps, un camion a écrasé deux d’entres eux. Si on tue une personne sur ce trajet, c’est elle qui perd. Pour ce qui est de mon état de santé, je sens des douleurs aux poumons, je n’ai jamais consulté un médecin pour savoir ce qui se passe. Mais je bois du lait et je continue le travail. C’est l’unique solution pour gagner ma vie».
Modou Diop, chauffeur de benne à ordures depuis 2004, travaille pour INTRACOM, une société de collecte d’ordures. Sans masque de protection, il déclare : «La fumée des ordures qui brûlent nous envahit. Ce qui se passe ici est indescriptible, ne parlons même de la saison des pluies qui va bientôt arriver.» Pour ce qui est des enfants qui s’accrochent derrière les véhicules, «nous sommes obligés de rouler doucement pour décharger les ordures. Ces personnes nous gênent dans le bon déroulement de notre travail. Avec ces pratiques, ils risquent quotidiennement leur vie».
                                                                                             
Cliché Quoidevert?
Des bouteilles en plastique isolées prêt à être commercialisées ne manquent pas d’attirer l’attention. Sur un espace aménagé, des tentes en zinc, carton, tissus, bref tout ce qui offre de l’ombre. Sous un soleil de plomb, un homme en casquette, fume sa cigarette, assis sur une chaise.Mactar, trieur de son état, collectionneur de plastique, il y a de cela 2 ans, se dit businessman. Pour lui, «être à proximité des poubelles, c’est choisir de s’exposer à toutes sortes de maladies. Je fais attention en me protégeant avec des caches poussières, des lunettes, des casques. Mais avec le rythme du travail, on a tendance à négliger ces éléments. Si j’avais un autre job, je serais moins exposé». Son amour pour l’argent l’a poussé à abandonner ses études en classe de 3e. Pour se consacrer à la collecte, il dit avoir les idées claires qu’avec l’argent. Et soutient que «la plupart du temps, ceux qui sont là sont des analphabètes. Ils ne se soucient pas des problèmes de santé». Il ajoute : «Mbeubeuss me donne tout ce dont j’ai besoin. Si les autorités décident de transférer le site, c’est simple, nous allons nous déplacer aussi. D’ailleurs Abdoulaye Wade (président à l’époque) était le premier «boudiou man» (trieur) car il voulait s’approprier la décharge à cause du business juteux.»
Cliché Quoidevert?

Si Mbeubeuss représente une mine d’or pour les trieurs, les riverains ont un autre discours. Selon Ousmane Sogui, habitant de Diamalaye, «Mbeubeuss est un calvaire, une calamité voulue par des magouilleurs». La voix cassée, il soutient : «Il y a des moments ou on est envahi par la fumée noire qui nous empêche de voir. Comment avoir l’esprit tranquille dans ces conditions ? Nous sommes sans soutien. Nos problèmes sont étouffés par des deals entre les autorités. Mbeubeuss n’arrange personne. Ceux qui font les tris disent gagner leur vie, mais ils nous causent du tort. Tous les arbres sont carbonisés, à cause des pneus qu’ils brûlent.»
Depuis la lutte contre le réchauffement climatique avec le protocole de Kyoto qui a instauré en 2001 le Clean Development Mechanism (CDM) ou mécanisme de développement propre (MDP), le Sénégal a élaboré dans la même année un code environnemental qui prend en compte dans l’article l2 «l’émission polluante» qu’il définit comme une : émission dans l’atmosphère de gaz ou de particules solides ou liquides, corrosifs, toxiques, radioactifs ou odorants, de nature à  incommoder la population, à compromettre la santé ou la sécurité publique et à nuire à la production agricole, aux massifs forestiers, à la conservation des constructions et monuments ou au caractère des sites. Mais le code reste dans les tiroirs.
La pollution de l’atmosphère est une réalité à Mbeubeuss et ses environs. Sous l’ombre de ce capharnaüm environnemental, des entrepreneurs se frottent les mains pendant que plus de 3 500 trieurs mettent leur vie en danger. Prenant en otage des habitants qui ne demandent que de vivre dans un environnement sain.
                                                                                    Par Pape Mbor NDIAYE
                                                                               

lundi 23 juin 2014

HSE : LE PLAN D ’OPERATIONS INTERNES (suite et fin)

Cliché/SP
Élaboration du plan d’opération interne
 Le projet de plan est élaboré par l’exploitant, sous sa responsabilité, en collaboration avec le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et l’Inspection des installations classées. Il est établi au moment de la délivrance de l’autorisation (installations nouvelles), ou par voie d’arrêté complémentaire. Dans les deux cas, le comité départemental d’hygiène est consulté. L’exploitant doit consulter le comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail, dont l’avis est joint au dossier.

Les mesures d’urgence et d’information qui incombent à l’exploitant sont fixées par le préfet. C’est lui qui arrête le plan. Un chapitre du dossier de demande d’autorisation concerne le POI.
 L’article 17 alinéa 8 du décret du 21 septembre 1977 précise que les exploitants d’installations relevant de l’article L. 515-8 du Code de l’environnement (catégorie  «S» de la nomenclature des installations classées) doivent établir le POI avant la mise en service de leurs installations. Les exploitants de ces installations sont, en outre, tenus de mettre à jour et de tester leurs POI à des intervalles n’excédant pas trois ans.

Contenu du plan d’opération interne
 Le POI est un document opérationnel qui définit les mesures d’organisation et qui précise les méthodes et moyens d’intervention mises en œuvre en cas d’accident afin de protéger le personnel, les populations et l’environnement. Il trouve son fondement dans les différents scénarios d’accidents identifiés lors de la réalisation de l’étude de dangers établie conformément aux dispositions de l’article 3, 5° du décret du 21 septembre 1977. A partir de ces scénarios sont retenues des situations accidentelles types, représentatives des événements susceptibles de survenir (émission de produits toxiques, incendie, etc.) et des conséquences qui pourraient en résulter.

L’arrêté préfectoral qui établit le POI détermine également les mesures d’urgence qui incombent à l’exploitant sous le contrôle de l’autorité de police (bouclage des abords de l’installation, modalités d’alerte et d’information des populations voisines). Le fondement de ces mesures se trouve dans législation relative à la sécurité civile.

 Pape MBOR
(Avec le cabinet TSE3P)

«On ne peut pas engager le projet sur la baie de Hann sans les populations.»


Cheikh DIONGUE/Cliché Quoidevert
CHEIKH DIONGUE, PRÉSIDENT DU RÉSEAU POUR LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT DE HANN
«On ne peut pas engager le projet sur la baie de Hann sans les populations».

Il y a 25 ans, la baie de Hann (banlieue dakaroise) était considérée comme l’une des plus belles plages du monde. Particulièrement affectée par la pollution, sa dépollution a connu des lenteurs liées à des études à faire au préalable, a expliqué le Premier ministre Aminata Touré. Dans ce contexte, quoi de vert a eu un entretien avec Cheikh Diongue, le président du Réseau pour la défense de l’environnement de Hann.
1) Qu’est-ce qui motive l’organisation de vos  journées d’action cadre de vie ?
 Nous avons jugé nécessaire d’organiser ces journées  de mobilisation parce depuis une vingtaine d’années, on lutte sur les questions d’environnement, principalement sur la question de la baie de hann. Aujourd’hui, il y’ a une nouvelle donne. Le projet de dépollution  de 33 milliards de l’union européenne et du gouvernement sénégalais a  été évoqué lors du dernier conseil interministériel qui s’est au mois de juillet à Dakar. Mais c’est un projet qui va se faire sur deux voire trois ans. Et les populations ne sont pas associées  à la prise en charge de ce projet. Il faut dire que depuis 2002, ce sont les populations qui ont été à la base même de ce projet. On a fait une pétition de 4 000 personnes qui a amené le Conseil interministériel sur la baie de Hann. C’est de là que nous sommes venus aujourd’hui à ce projet. Nous pensons que nous faisons partie intégrante de ce projet ; et qu’on doit reconnaître le travail de la population sur les questions d’environnement.
Donc je pense que c’est ça qui est à la base de notre mobilisation.

2)  Il y a 25 ans, la baie de Hann était considérée comme l’une des plus belles plages du monde. Quelles sont les causes de sa dégradation ?
Il y a plusieurs facteurs. Le facteur numéro un, c’est le déversement  quotidien de toutes les eaux usées venant de quatorze canaux  et émissaires. Dans l’évaluation du projet de dépollution, à 70 %, ce sont les industries qui sont à la base de la pollution de la baie de Hann et à 30 %, ce sont les riverains de la baie qui sont responsables.
3) C’est à ces familles qu’on doit les déchets solides ?
Oui, une grande part de responsabilité ; et ceci à un double niveau. Le premier c’est que la population ne doit pas polluer la baie, mais aussi la population doit se mobiliser pour lutter contre la pollution de la baie. En  quelque sorte, la baie c’est presque le jardin de Hann pour les activités de pêche, de plaisance et de loisirs. Si nous perdons cet espace, nous perdons tout ; et n’oublions pas que la baie abrite le quai de pêche le plus important du Sénégal ; le quai de débarquement. Tous les poissons qui sont consommés à Dakar passent par ce quai. Imaginez dans un milieu pollué, qu’on y fasse  passer des produits alimentaires, c’est une catastrophe.
 4) En termes de sensibilisation, quelles sont les actions qui ont été menées par le réseau  pour conscientiser  cette population riveraine ?
Le réseau est né en 2009, et depuis, nous avons mis sur pied un programme. Chaque année, nous participons à la journée mondiale de l’environnement et nous tenons aussi les  journées du parc national de Hann. Si vous allez au parc de Hann, vous verrez que le lac est aménagé, vous y verrez aussi un théâtre de verdure, et tout ceci est  à mettre à l’actif du réseau. Maintenant, nous voulons orienter nos activités autour de la baie et créer une synergie, une dynamique de toutes les associations pour qu’on puisse mettre fin à ce scandale et qu’on puisse nous intégrer au projet de  dépollution de la baie de Hann.
5) L’équipe municipale actuelle joue-t-elle sa partition ?
Oui, on a rencontré  le maire récemment et on  a tenu une réunion avec lui, et il s’est engagé à  accompagner les associations qui luttent autour de la question  de l’environnement. Nous saluons aujourd’hui cette nouvelle vision des autorités municipales qui sont aux côtés des populations.
6) Quelles sont  les maladies les plus fréquentes auxquelles les populations environnantes sont confrontées du fait de la pollution ?
Il y a deux types de rejets. Il y a des rejets chimiques qui sont le fait des industries  et des rejets bactériologiques dont la plupart sont le fait des populations qui déversent leurs ordures. Depuis longtemps, les études et les prélèvements ont montré  la présence de plusieurs types de bactéries, de métaux lourds et de produits chimiques. Les enfants qui se baignent  dans la mer sont exposés à des  types de maladies diarrhéiques, dermiques et pulmonaires. 
Des statistiques disponibles dans les centres de santé   montrent  qu’il existe  ici au niveau  de Hann, des  maladies qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Donc c’est lié forcément à la baie, et d’ailleurs, la baignade est interdite à Hann, mais malgré tout, les populations s’y baignent.
7) En 2004, l’Etat avait mis sur la table la somme de 50 millions dont 30millions pour le nettoyage de la baie. Mais on dirait que cela n’a servi à rien.
Il me semble qu’il avait commencé à faire le nettoyage. En tout cas en 2010, la mairie de la ville qui est le responsable de ce canal avait commencé le nettoyage. Mais ils se sont rendu compte que ce n’est pas avec cette somme qu’il faut faire ce travail. Il faut une vraie opération coup de poing avec énormément de moyens. Ils ont reculé  parce qu’ils savent qu’ils allaient dépenser inutilement cet argent. Nous, nous voulons faire le plaidoyer pour que les véritables moyens soient mis en place  pour que la dépollution  de la baie puisse être effective.
8) Vous l’avez rappelé tantôt, l’Etat a décidé de dégager la somme de 33 milliards pour la dépollution de la baie. Avez-vous été contactés  par les nouvelles  autorités ?
Il y a un comité de pilotage, un comité technique au sein duquel les populations sont  représentées par le maire. Mais récemment lorsqu’on l’a rencontré, on a constaté qu’on ne le convoque pas à toutes les réunions. Nous, nous voulons dénoncer cela et montrer que le maire est d’abord notre représentant légitime dans le comité de pilotage du projet, pour qu’en retour qu’il puisse nous rendre compte. Cela va nous permettre de nous  mobiliser et connaître notre place dans le comité. Lorsqu’on a rencontré le ministre, il a bien précisé qu’il va nous mettre nous en tant que communauté d’associations dans le comité  de gestion autour du projet. Et c’est lui qui pilote ce projet. C’est cette assurance qu’il nous a donné, et il a même dit qu’il va venir sur place visiter la baie.
Donc nous pensons que les choses vont mieux évoluer ; et il a fallu que l’on bouge pour que les choses commencent à évoluer parce que le comité de pilotage existe depuis 2010.
9) Quel message lancez-vous ?
D’abord un message pour les autorités qui doivent prendre conscience que la question  des problèmes liés à la baie de Hann n’est pas seulement locale,  mais en réalité, elle est globale pour ce concerne des problèmes liés à l’environnement. C’est nous qui vivons les conséquences immédiates, mais  à long terme elles  impacteront négativement sur l’ensemble de la  population sénégalaise. Malheureusement, nous n’avons pas la culture de la prévention e t d’anticipation au Sénégal.
Ensuite, il y a le Code l’environnement qui doit être appliqué. Les populations doivent aujourd’hui s’approprier ce code, et prendre en charge leurs problèmes et défendre leur droit. Et je pense que nous allons dans cette perspective.
Pour la population, nous ne devons jamais cesser de les  sensibiliser sur les questions de l’environnement et ceci dès le bas âge. Nous, nous l’avons tellement bien compris que nous allons dans les écoles, pour y jouer  des pièces de théâtre, et  y encadrer les élèves. Sur ce plan, on est prêt et ce sont les autorités qui doivent jouer le jeu pour qu’il ait une synergie globale autour  de la baie de Hann en particulier  et des questions environnementales en général.

Interview réalisée par
Baye Salla MAR


Macky Sall annonce une loi interdisant le plastique.

Cliché Soleil
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a planté deux arbres dans le jardin de la présidence. Le président de la République, qui célébrait ainsi la Journée  mondiale de la terre, a saisi l’occasion pour annoncer la mise en place d’une législation contre le déchet plastique.
«Il faudra une législation extrêmement ferme pour que le plastique soit interdit dans notre pays ; parce qu’il est en train de détruire notre écosystème», a-t-il justifié. Le chef de l’Etat a fait cette annonce lors de la cérémonie de plantation de deux arbres dans le jardin de la présidence, pour célébrer la Journée mondiale de la terre. En plantant les deux arbres, notamment des flamboyants, Macky Sall a appelé à multiplier cette initiative en vue de mieux protéger l’environnement.

Selon lui, la Journée mondiale de la terre, célébrée dans plus de 180 pays, est une occasion pour se rappeler que «nous avons un habitat fragile, la terre elle-même que nous devons contribuer à préserver face aux pollutions et autres dégradations liées aux phénomènes naturels».

D’après lui, l’habitat naturel de l’homme dont le soubassement est la terre a besoin de protection, de couvert végétal. Il a rappelé la fonction essentielle de la photosynthèse par rapport à nos besoins d’oxygène, pour vivre. D’où, a-t-il encore souligné, la nécessité de planter des arbres afin de bien lutter contre le phénomène de la désertification et des terres arides.

L’autre préoccupation du chef de l’Etat a trait au «fléau qu’est l’érosion côtière».  Il a fait remarquer que ce phénomène est en train de menacer quasiment nos plages qui constituaient la richesse de notre tourisme.
Sur un autre registre, il a soutenu qu’une politique d’énergie propre a été mise en œuvre, depuis un an et demi, au niveau du palais de la République avec des résultats déjà intéressants.

«Nous avons déjà pour tous les lampadaires du jardin, remplacé les ampoules de 100 watts par des ampoules de 30 watts. Tous les projecteurs de l’arrière-jardin qui étaient des projecteurs de 1 000 watts ont été remplacés par des ampoules de presque 30 watts, 80 watts. Et cela génère une économie de l’ordre total de 27 millions de francs dans l’année», a-t-il déclaré avec satisfaction.  


BAIE DE HANN Martyre écologique ou ineptie environnementale ?

Cliché-Quoi de vert?
«Dans cette plage agressée, 13 canaux ou émissaires pollueurs se déversent dans la mer nuit et jour».


Il est 10 h. Sous l’influence du vent, des pirogues et des yachts flottent sur les quais. Une odeur anormale de bord de plage, celle du rejet des produits chimiques, en décomposition du canal 6 de Colobane. Des déchets plastiques longent la côte. Une mer loin de son aspect bleu, couverte d’eaux résiduaires. La baie de Hann souffre d’impuretés.

«La dégradation de ce milieu ne peut pas continuer», c’est l’avis de cet homme de 59 ans. Sous l’ombre d’un des rares arbres de la côte, il  maille son filet pour une nouvelle odyssée en mer. Sam Diop est pêcheur dans le village de Yarakh depuis son enfance.
«Avec nos filets mballe law, on pêchait nos poissons à 300, voire 450 m. Des poissons comme le saca, le kong, le sompate «…» grâce à la belle plage que la baie représentait. En tant que pêcheur, je reste persuadé que les  produits toxiques ont contribué à cent pour cent à leur disparition. Nous ne pouvons même plus satisfaire nos besoins journaliers», déplore-t-il.
Et de poursuivre : «La baie était la plus belle plage de l’Afrique de l’Ouest. L’eau était claire. Je me rappelle, on jouait au foot pieds nus sur le sable blanc, sans crainte d’objets pointus. On se roulait sur le sable comme on voulait. Les crabes marchaient sur la plage. Sous le soleil sortait, leurs yeux brillaient, on dirait des perles. Mais maintenant l’ambiance est polluée. L’air marin est toxique. Les cocotiers ont disparu. Hann avait la réputation de ses jolis cocotiers.»
Cliché Quoidevert?
Ivre de colère, il pointe du doigt les entreprises environnantes. Et propose que les habitants de Yarakh adoptent la démarche des habitants de Cambérène. «Pourquoi ne pas faire comme ceux de Cambérène et prendre des mesures radicales. Les pêcheurs doivent se réunir, car s’en est trop ! Les usines responsables n’en ont cure. Les déchets ménagers n’en sont pour rien et sont faciles à maîtriser. Elles veulent nous détruire,  ces industries. Un jour, en allant à Dakar, l’embouteillage m’a poussé à prendre le raccourci du canal qui sort à Colobane. J’ai vu une dizaine de camions de vidanges déverser leur contenu dans le canal, sans compter les branchements d’usine et ordures qui finissent leur parcours dans la mer de Yarakh. Les camions payent à l’Etat pour le déversement. Il faut une solution concertée. Et pourquoi pas le détournement du canal. Rendez-vous compte, pendant les périodes de chaleur, nos enfants se baignent dans la mer. Et on ne peut pas se baigner sans avaler de  l’eau. Nous sommes conscients des risques. Mais c’est tout ce que nous connaissons. C’est une  misère pour notre environnement. La gestion des poubelles relève de la responsabilité de la mairie. Elle fait son travail, malgré tout».
Donnant l’exemple d’un homme qui a subi les rejets Sam DIOP explique : «Je ne te parle même pas de l’ammoniac ou de l’acide.  Mais récemment Un homme en provenance des HLM, disparu pendant trois jours, a été retrouvé en pleine décomposition. Sortie par les sapeurs-pompiers, l’autopsie a démontré que c’est l’odeur toxique qui a eu raison de lui.»
Cliché Quoidevert?
Son espoir d’une solution définitive réside dans les 33 milliards que l’Etat a décidé de consacrer à la baie de Hann, avec le ministre de l’Ecologie. «De la baie de Hann à la Casamance, Ali Haïdar s’est toujours engagé à nos côtés. Sur toute la côte, il a fait des actions dans le domaine de la salubrité. Il fait partie des décideurs maintenant, donc la balle est dans son camp. Et des personnes comme Boy Mbacké Seck, Abdou Karim Ndiaye et les  autres en activité au niveau de la mairie, pourront aussi apporter du nouveau».
Même son de cloche Chez Amy Faye, femme transformatrice de produits halieutiques. «La mère de nos soucis reste le canal. Il a fait fuir tous les poissons. L’eau est polluée. La plage est sale. Alors que les poissons ne peuvent se reproduire que dans un milieu sain. La pêche est notre principale activité. Si on perd la baie, nous perdons notre gagne-pain».
Hier une mer poissonneuse, aujourd’hui un site pollué. En l’espace de dix ans, ce réceptacle naturel s’est transformé en déchetteries . Victime de mauvais traitements, la poche résiste. Conscientes de l’intensification de l’activité industrielle, les populations de Yarakh ne demandent qu’une chose : que la «baie soit un atout, mais pas un égout».
Par Pape MBOR

SÉNÉGAL: UN MUR, UN PAS ! Une vue sur la mer n’a pas de prix.

Cliché du mouvement citoyen
Un pas a été franchi sur la participation citoyenne au processus décisionnel. Pour s’en convaincre, il suffit juste de ressusciter la campagne «Non au mur».  A l’encontre du projet de l’ambassade de la Turquie sur le littoral.

Une vue sur la mer n’a pas de prix
Loin de l’intelligence émotionnelle. Cette fois –ci c’est la conscience environnementale qui s’est manifestée. A l’heure où l’on amorce un virage comportemental où le développement durable devient de plus en plus une ligne stratégique. Il faut prendre en compte les besoins en développement des acteurs présents sans obérer ceux des absents et des faibles.


Cliché du mouvement citoyen

                                                                                                                       


 L’environnement ne peut pas se défendre tout seul, pour pallier cette carence. Les populations sont là pour assurer leur avenir. Les constructions anarchiques (comprenez par là, sans prise en compte des préoccupations des présents. 





Engagement des parties prenantes - L’Etat a fini par trancher
Militantisme au service de l’environnement. Pétition en ligne, manifestation arrestation. Des méthodes contre l’érection du mur  turc qui empêche la vue sur mer au niveau de la Corniche-ouest qui rassurent, et pousse Le président de la République, Macky Sall, au cours d'une visite ce Dimanche 04 Mai 2014 sur toute la corniche Ouest, de proposer aux Turcs d’autres sites.
                                                                              Pape Mbor

«L’absence de synergie grève l’efficacité des accords multilatéraux»:Commandant Lamine Kane, point focal du protocole de Cartagena au Sénégal

Commadant Lamine Kane-Cliché Quoidevert?
Commandant Lamine Kane, point focal du protocole de Cartagena au Sénégal 

«L’absence de synergie grève l’efficacité des accords multilatéraux»

Conservateur  au niveau des parcs nationaux, le commandant Lamine Kane est le chargé de la révision  du processus de la stratégie  nationale de conservation de la biodiversité. Rédacteur du 5e rapport  2014 sur la diversité biologique au Sénégal, Quoi de vert ? est revenu avec lui sur l’état de santé  de notre environnement biologique. Entretien exclusif avec le point focal national du protocole Cartagena.

Quoi de vert ? :1)  Pouvez-vous revenir sur le protocole de Cartagena et ses objectifs ?

Cmt Lamine Kane : Ce protocole est un pendant de la  convention sur la diversité biologique qui a trois piliers essentiellement : la conservation de la biodiversité, l’utilisation durable de cette biodiversité, et le partage juste et équitable des bénéfices issus de l’utilisation des ressources génétiques.
Au-delà de ces trois piliers, il y a des enjeux importants nés de l’utilisation des biotechnologies modernes qui ont un apport intéressant du point de vue de la sécurité alimentaire, des applications pharmaceutiques et médicales. Au-delà de ces utilités et de ces avantages, il faut quand même relever des risques potentiels sur la santé humaine et sur l’environnement. En plus, il y a des aspects liés à l’éthique et à la propriété sur le vivant.
C’est dans ce contexte que la CDB (Convention sur la diversité biologique) a ouvert une série de négociations qui ont débuté en 1997 et qui ont dessiné le chemin vers le protocole de Cartagena. Ce protocole qui a été signé en 2000 et entré en vigueur en 2003, gère les risques qui sont liés aux biotechnologies modernes en vue d’assurer une sécurité sur la santé humaine et sur l’environnement pour mieux conserver la biodiversité par rapport aux potentiels risques liés aux biotechnologies.
Au plan national, quel bilan d’étape  peut-on faire du protocole, depuis sa ratification par le Sénégal ?
En signant le protocole en 2001 et en le ratifiant en 2003, notre pays  a montré sa volonté de s’engager dans cette mouvance internationale de définir un minimum de sécurité par rapport aux risques liés aux biotechnologies.Au-delà de cette date-charnière de ratification, le Sénégal a commencé à élaborer son cadre national de biosécurité qui définissait un peu les contours du point de vue institutionnel mais aussi une esquisse de réglementation par rapport à l’utilisation des biotechnologies modernes, mais aussi au régime de biosécurité lié à cette utilisation. En plus de la mise en place de ce cadre national de la biosécurité, en 2009, la loi nationale sur la biosécurité a été votée. Cette loi  définit le cadre réglementaire et juridique  lié à la biosécurité mais aussi à l’utilisation avec un risque moindre des biotechnologies modernes. Durant cette même période, deux jalons supplémentaires ont été posés : le premier est relatif à la signature du décret portant organisation, fonctionnement  et mission de l’autorité nationale de biosécurité qui est l’instance  compétente en termes de délivrance d’autorisation par rapport à l’utilisation et à la circulation  des OGM (organismes génétiquement modifiés). Elle est aussi compétente en termes d’inspection, de contrôle pour le niveau de conformité par rapport à la loi. L’autre organe de régulation  concerne le deuxième décret signé toujours en 2009 et qui porte sur  l’organisation, le  fonctionnement et les missions du comité national de biosécurité qui est le bras technique qui éclaire les avis de l’autorité  nationale.  C’est un organe consultatif du point de vue scientifique et technique. La signature de ces décrets a été  suivie d’un ensemble de renforcement de capacités   aussi bien en termes de gestion de l’information, de gestion du risque, mais aussi en termes de gestion de communication sur le risque.
Il y a eu également  des renforcements de capacités portant  à la fois  sur les aspects liés à l’évaluation  et la gestion des risques portant sur les OGM et  sur l’inspection et  le contrôle ; sans oublier ceux portant  sur  la  notion de propriété intellectuelle et de brevet sur le vivant. Mais aussi sur la réglementation en cours au plan international.
Au niveau de l’UEMOA et de la CEDEAO, il y a un effort qui est entrepris pour asseoir une réglementation qui est commune à l’espace CILSS, CEDEAO et UEMOA pour éviter le double emploi en termes de réglementation par rapport à ces trois institutions.

2) Malgré la volonté politique et la batterie de mesures juridiques et institutionnelles, on assiste à  une léthargie des organes de régulation. Comment l’expliquer ?
C’est vrai que malgré le relèvement du dispositif réglementaire et institutionnel, ces organes ont des difficultés à fonctionner réellement. Pour rappel, le comité national a été mis sur pied. Pour l’Autorité nationale de biosécurité, il y avait eu un directeur exécutif  qui avait été nommé. Entre-temps, il y a eu une démission, mais après il y a eu une  nouvelle nomination. Ce qui montre qui a un signal fort pour au moins asseoir une autorité autonome qui joue pleinement son rôle.

3) Sous nos cieux, les OGM  ne jouissent  pas d’une bonne image. En tant que point focal, qu’envisagez-vous de faire pour résoudre ce gap communicationnel ?
Le plus important, c’est d’utiliser la bonne information et d’avoir un débat moins passionné. Pour les OGM, il y a deux aspects qui peuvent intervenir : Une volonté politique d’adoption mais aussi une volonté des populations pour la consommation. Tant que les deux conditions ne sont pas réunies, on ne peut pas parler d’adoption des OGM. Au-delà même, les gens doivent réfléchir dans un cadre global et cohérent qui peut définir les priorités du pays en termes d’option sur le plan agricole, médicinal et pharmaceutique. On ne peut pas dire que les OGM sont une panacée, c'est-à-dire une solution toute faite pour tous les problèmes, mais au moins, ils peuvent contribuer. D’où l’importance de dépassionner le débat et de ne pas  uniquement mettre le point sur l’aspect négatif en oubliant que potentiellement, ils peuvent avoir un aspect positif.
Pour en revenir à la communication, une rencontre élargie à d’autres partenaires  à été récemment organisée par l’Autorité nationale et le comité national de biosécurité. L’un des objectifs, c’est un peu de faire l’état des lieux. L’autre objectif, c’est d’améliorer la communication. A l’issue de cette rencontre, une feuille de route a été établie. L’un des aspects forts de cette feuille de route, c’est de définir un plan de communication et de dégager des outils de communication par rapport aux potentiels que peuvent représenter les OGM aux inconvénients qu’on peut noter au niveau des OGM, aux risques qui peuvent découler de l’utilisation des biotechnologies, mais aussi des mesures correctives qu’on peut mettre en place par rapport à ces risques. Quoi qu’on dise, quand on parle de risque, il faut qu’il ait une bonne communication pour moins apeurer les populations et leur donner la bonne information sur les effets adverses potentiels par rapport à  la santé humaine, à la conservation de la biodiversité et au patrimoine génétique.

4) A quand la mise en œuvre de ce plan de communication ?
Avec la nomination du nouveau directeur de l’Autorité nationale de biosécurité, on pense que  dans les mois à venir, surtout avec l’appui des partenaires stratégiques comme le département d’agriculture des Etats Unis l(USAID) et le projet Obama, financé par l’USAID, mais aussi avec l’UEMOA, nous comptons bientôt mettre en place ce plan de communication en termes de  gestion de l’information sur la biosécurité et le biotechnologie mais aussi la vulgarisation de certains supports et outils de communication.

5) Vous êtes aussi chargé de la rédaction du rapport national sur la diversité biologique. Qu’est-ce  qui a motivé la publication du 5e rapport sur la diversité biologique en ce mois de mars 2014 ?
Pour rappel, le rapport national  est un processus qui est effectué tous les quatre ans sur la base des directives de la CBD ; mais aussi en fonction du souci des Etats de renseigner sur le niveau de mise en œuvre de la convention, sur  la mise en œuvre de leur stratégie et plans nationaux d’actions  pour la conservation de la biodiversité, mais aussi pour mettre à jour les informations relatives  à l’état de conservation de la biodiversité ainsi que sur les pressions qui sont exercées  sur la biodiversité.
Au-delà de ces aspects, les rapports nationaux constituent d’importants outils de communication dans ce sens qu’ils mobilisent différentes parties prenantes et qu’ils permettent de consigner un peu l’état et les tendances de la biodiversité, et la mise en œuvre des documents stratégiques en matière de conservation de la biodiversité. Mais aussi  du fait qu’on essaye d’utiliser un langage accessible à plusieurs  cibles par rapport a son  format.
Pour résumer, le souci  principal du rapport, c’est de consigner toutes les informations relatives  au  niveau  de mise en œuvre de la convention sur la diversité biologique au Sénégal dans  un document national, qui sera  partagé à un niveau international. Sans oublier les renseignements sur  le niveau de mise en œuvre des orientations en matière de conservation de la biodiversité.

6) Comment interprétez-vous la déclinaison de  la politique de développement durable sur la déperdition des ressources environnementales au Sénégal ?
Au-delà de la volonté politique d’asseoir une ligne directrice en matière de conservation  des ressources naturelles de façon générale, mais aussi de la biodiversité en particulier, il est important  aussi de reconnaître que malgré ces efforts, on a une dégradation des ressources  qui sont imputables à plusieurs raisons dont la faible  prise en charge de la notion de biodiversité dans les différents secteurs de production au niveau national.
Il y a une directive importante de la CBD qui tend  à promouvoir cette prise en charge réelle de la biodiversité dans les secteurs de production. Parce que souvent  c’est seulement au niveau du secteur de l’environnement qu’il y a cette prise en charge réelle des enjeux liés à la conservation de la biodiversité. Or, étant donné que c’est une dimension transversale, il fallait au moins qu’il ait une impulsion au niveau des différents secteurs  pour qu’il ait une réelle intégration de cette dimension de la biodiversité. Ça c’est un aspect. Mais aussi qu’il est des mécanismes fédérateurs qui vont  au-delà même du ministère de l’environnement pouvant permettre d’avoir une approche efficace de gestion de ces ressources en tenant compte du caractère transversal de la conservation de biodiversité, mais aussi des ressources naturelles.

7) Les autorités ministérielles ont-elles les  moyens de leur politique, si l’on sait que dans nos pays, l’environnement est le parent pauvre dans les arbitrages budgétaires ?
Sur ce plan, on peut noter une volonté politique de l’Etat de dégager des ressources. Mais en considérant un peu de nombreux secteurs prioritaires, on peut quand même remarquer qu’au-delà des efforts de l’état, on note un déficit sur ce plan.  Dans ce contexte ,  on  se félicite de l’apport de nos partenaires  extérieurs dans le cadre de  l’appui budgétaire. Mais n’empêche qu’il faut réfléchir sur la mise en place  de mécanismes de financement durable et surtout en termes de mécanismes innovants. Innover par rapport à l’approche classique de financement de la conservation. Comme la santé, la conservation  n’a pas de prix mais à un coût.
Donc il urge d’imaginer une diversification dans les mécanismes de financement en promouvant des exemples liés à la RSE, et à d’autres types de mécanismes de financements qui pourraient  aider. Il faut aussi développer  les mécanismes liés aux fonds fudiciaires pour renforcer le niveau de financements. Ces fonds fudiciaires, les systèmes de fiscalités vertes, la RSE, ce sont autant de pistes qu’on pourrait agréger. Mais en amont, il faut qu’il ait une définition claire de ce qu’on veut en termes d’option de financement. Puisque les moyens de l’Etat sont limités, et les efforts des bailleurs, bien qu’ils soient conséquents ne peuvent pas répondre pleinement au financement de la conservation de la biodiversité, il faut au moins définir e amont  une bonne mobilisation des ressources  à travers un mécanisme de financement durable.

8) La déforestation renvoie à l’émission de CO2, et si nous abordons la politique d’adaptation comme le REDD, le reboisement est devenu un instrument financier, alors qu’au Sénégal nous n'avons qu’un seul projet pour absorber cet argent, c’est-à-dire la réhabilitation de la mangrove. Comment faire mieux ? Ou bien y a-t-il des projets en cours d’enregistrement ?
Pour l’aspect financement, il faut élargir un peu la palette des projets éligibles parce que souvent, il y a une certaine restriction par rapport à certains projets. Or  il y a différentes initiatives en matière de conservation  surtout au niveau des aires protégées qui  malheureusement par rapport  à certains mécanismes internationaux ne sont pas très bien prises en compte.
Quand on parle de puits de carbone, ou de zone à importants potentiels de séquestration de carbone, je pense que les aires protégées ont un rôle très important à jouer. Dans ce sens, il faut peut-être améliorer les mécanismes par rapport à l’éligibilité en termes de projets d’adaptation aux changements climatiques et au moins assurer un meilleur financement de ces aires protégées qui peuvent jouer un rôle important.
9) Revenant sur la liste rouge de l’UICN en guise d’exemple  pour tous les oiseaux du monde (10 000 espèces) risque de disparaître, d’autres mammifères, amphibiens, etc., sont dans ce cas. La bonne nouvelle est que des pays comme le Danemark ou la Suède ont réussi le risque d’extinction. Existe-t-elle une logique de coopération opérationnelle en ce sens ?
Du point de vue des espèces en danger, il y a une nécessité de réactualiser la liste pour voir un peu  le niveau de vulnérabilité des populations de  ces espèces. Au-delà de ce besoin, l’état à nouer à travers de grandes structures  qui fédèrent les  états au niveau international un  partenariat. Il  est bon de définir une coopération beaucoup plus orientée par rapport à des pays qui se sont révélé être des champions en termes d’initiatives  pour mieux  conserver les espèces qui sont en danger. Mais n’empêche qu’au niveau  interne, des mesures sont prises  par rapport à des espèces aussi bien animales, que végétales pour au moins promouvoir  des approches de conservation in situ, qu’ex-situ pour avoir une remontée biologique par rapport à cette population d’espèces qui sont en danger.

 10) La science nous dit que l’Afrique va plus subir les effets du changement climatique. Quelles solutions préconisent les institutions pour réintégrer ou préserver les espèces menacés au Sénégal ?
D’abord, améliorer le niveau de synergie par rapport aux accords multilatéraux sur l’environnement. La difficulté qu’on a, c’est que quand on les rend opérationnels, au niveau national, il y a un manque de synergie qui fait qu’on perd en termes d’efficacité. Ensuite, renforcer le niveau de financement par rapport à des options  prioritaires en termes de conservation des habitats.
Il faut aussi essayer de prévenir par rapport à pressions potentielles, par le biais d’une communication beaucoup plus accrue mais aussi de sensibilisation en termes d’éducation  relative à l’environnement, mais aussi une sensibilisation  des populations sur les enjeux. Il y a aussi une autre option qui permettrait au moins une meilleure responsabilisation  des populations   en termes d’initiatives communautaires de conservation. Promouvoir aussi l’intégration de la dimension biodiversité dans les plans locaux de développement au niveau des communautés rurales ; mais aussi  veiller à ce qu’il ait une approche beaucoup plus cohérente en termes d’aménagement du territoire.
En guise de conclusion, je lance un message  en termes d’amélioration de la prise de conscience par rapport aux enjeux actuels.  Se dire que certes, ce sont des ressources qui potentiellement sont considérées comme  renouvelables, il ne faut  pas perdre de vue l’idée qu’au-delà du caractère renouvelable, il y a une dimension  d’épuisement  des ressources.  Et si on ne fait pas attention  sur cette dimension qui nous échappe, on peut se réveiller avec une grande surprise par rapport à un niveau de dégradation important. Donc il faut veiller à avoir des pratiques d’utilisation durables de la biodiversité.

                                                                                       Baye SALLA MAR