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Cheikh DIONGUE/Cliché Quoidevert |
CHEIKH DIONGUE, PRÉSIDENT DU RÉSEAU POUR LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT DE HANN
«On ne peut pas engager le
projet sur la baie de Hann sans les populations».
Il y a 25 ans, la baie de Hann (banlieue dakaroise)
était considérée comme l’une des plus belles plages du monde. Particulièrement affectée par la
pollution, sa dépollution a connu des
lenteurs liées à des études à faire au préalable, a expliqué le Premier
ministre Aminata Touré. Dans ce contexte, quoi de vert a eu un entretien avec Cheikh Diongue, le
président du Réseau pour la défense de l’environnement de Hann.
1) Qu’est-ce qui motive l’organisation de vos journées d’action cadre de vie ?
Nous avons jugé nécessaire d’organiser ces journées de mobilisation parce depuis une vingtaine d’années, on lutte sur les questions d’environnement, principalement sur la question de la baie de hann. Aujourd’hui, il y’ a une nouvelle donne. Le projet de dépollution de 33 milliards de l’union européenne et du gouvernement sénégalais a été évoqué lors du dernier conseil interministériel qui s’est au mois de juillet à Dakar. Mais c’est un projet qui va se faire sur deux voire trois ans. Et les populations ne sont pas associées à la prise en charge de ce projet. Il faut dire que depuis 2002, ce sont les populations qui ont été à la base même de ce projet. On a fait une pétition de 4 000 personnes qui a amené le Conseil interministériel sur la baie de Hann. C’est de là que nous sommes venus aujourd’hui à ce projet. Nous pensons que nous faisons partie intégrante de ce projet ; et qu’on doit reconnaître le travail de la population sur les questions d’environnement.
Nous avons jugé nécessaire d’organiser ces journées de mobilisation parce depuis une vingtaine d’années, on lutte sur les questions d’environnement, principalement sur la question de la baie de hann. Aujourd’hui, il y’ a une nouvelle donne. Le projet de dépollution de 33 milliards de l’union européenne et du gouvernement sénégalais a été évoqué lors du dernier conseil interministériel qui s’est au mois de juillet à Dakar. Mais c’est un projet qui va se faire sur deux voire trois ans. Et les populations ne sont pas associées à la prise en charge de ce projet. Il faut dire que depuis 2002, ce sont les populations qui ont été à la base même de ce projet. On a fait une pétition de 4 000 personnes qui a amené le Conseil interministériel sur la baie de Hann. C’est de là que nous sommes venus aujourd’hui à ce projet. Nous pensons que nous faisons partie intégrante de ce projet ; et qu’on doit reconnaître le travail de la population sur les questions d’environnement.
Donc je pense que c’est ça qui est à
la base de notre mobilisation.
2) Il y a 25 ans, la baie de Hann était considérée comme
l’une des plus belles plages du monde. Quelles sont les causes de sa
dégradation ?
Il y a plusieurs facteurs. Le facteur numéro un, c’est
le déversement quotidien de toutes les eaux usées venant de quatorze
canaux et émissaires. Dans l’évaluation du projet de dépollution, à
70 %, ce sont les industries qui sont à la base de la pollution de la baie
de Hann et à 30 %, ce sont les riverains de la baie qui sont responsables.
3) C’est à ces familles qu’on doit
les déchets solides ?
Oui, une grande part de responsabilité ; et ceci
à un double niveau. Le premier c’est que la population ne doit pas polluer la
baie, mais aussi la population doit se mobiliser pour lutter contre la pollution
de la baie. En quelque sorte, la baie c’est presque le jardin de Hann
pour les activités de pêche, de plaisance et de loisirs. Si nous perdons cet
espace, nous perdons tout ; et n’oublions pas que la baie abrite le quai
de pêche le plus important du Sénégal ; le quai de débarquement. Tous les
poissons qui sont consommés à Dakar passent par ce quai. Imaginez dans un
milieu pollué, qu’on y fasse passer des produits alimentaires, c’est une
catastrophe.
4) En termes de sensibilisation, quelles sont les
actions qui ont été menées par le réseau pour conscientiser cette
population riveraine ?
Le réseau est né en 2009, et depuis, nous avons mis
sur pied un programme. Chaque année, nous participons à la journée mondiale de
l’environnement et nous tenons aussi les journées du parc national de
Hann. Si vous allez au parc de Hann, vous verrez que le lac est aménagé, vous y
verrez aussi un théâtre de verdure, et tout ceci est à mettre à l’actif
du réseau. Maintenant, nous voulons orienter nos activités autour de la baie et
créer une synergie, une dynamique de toutes les associations pour qu’on puisse
mettre fin à ce scandale et qu’on puisse nous intégrer au projet de
dépollution de la baie de Hann.
5) L’équipe municipale actuelle
joue-t-elle sa partition ?
Oui, on a rencontré le maire récemment et
on a tenu une réunion avec lui, et il s’est engagé à accompagner
les associations qui luttent autour de la question de l’environnement.
Nous saluons aujourd’hui cette nouvelle vision des autorités municipales qui
sont aux côtés des populations.
6) Quelles sont les maladies les
plus fréquentes auxquelles les populations environnantes sont confrontées du
fait de la pollution ?
Il y a deux types de rejets. Il y a des rejets
chimiques qui sont le fait des industries et des rejets bactériologiques
dont la plupart sont le fait des populations qui déversent leurs ordures.
Depuis longtemps, les études et les prélèvements ont montré la présence
de plusieurs types de bactéries, de métaux lourds et de produits chimiques. Les
enfants qui se baignent dans la mer sont exposés à des types de
maladies diarrhéiques, dermiques et pulmonaires.
Des statistiques disponibles dans les centres de
santé montrent qu’il existe ici au niveau de
Hann, des maladies qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Donc c’est lié
forcément à la baie, et d’ailleurs, la baignade est interdite à Hann, mais
malgré tout, les populations s’y baignent.
7) En 2004, l’Etat avait mis sur la
table la somme de 50 millions dont 30millions pour le nettoyage de la baie.
Mais on dirait que cela n’a servi à rien.
Il me semble qu’il avait commencé à faire le
nettoyage. En tout cas en 2010, la mairie de la ville qui est le responsable de
ce canal avait commencé le nettoyage. Mais ils se sont rendu compte que ce
n’est pas avec cette somme qu’il faut faire ce travail. Il faut une vraie
opération coup de poing avec énormément de moyens. Ils ont reculé parce
qu’ils savent qu’ils allaient dépenser inutilement cet argent. Nous, nous
voulons faire le plaidoyer pour que les véritables moyens soient mis en
place pour que la dépollution de la baie puisse être effective.
8) Vous l’avez rappelé tantôt, l’Etat a
décidé de dégager la somme de 33 milliards pour la dépollution de la baie.
Avez-vous été contactés par les nouvelles autorités ?
Il y a un comité de pilotage, un comité technique au
sein duquel les populations sont représentées par le maire. Mais
récemment lorsqu’on l’a rencontré, on a constaté qu’on ne le convoque pas à
toutes les réunions. Nous, nous voulons dénoncer cela et montrer que le maire
est d’abord notre représentant légitime dans le comité de pilotage du projet,
pour qu’en retour qu’il puisse nous rendre compte. Cela va nous permettre de
nous mobiliser et connaître notre place dans le comité. Lorsqu’on a
rencontré le ministre, il a bien précisé qu’il va nous mettre nous en tant que
communauté d’associations dans le comité de gestion autour du projet. Et
c’est lui qui pilote ce projet. C’est cette assurance qu’il nous a donné, et il
a même dit qu’il va venir sur place visiter la baie.
Donc nous pensons que les choses vont mieux
évoluer ; et il a fallu que l’on bouge pour que les choses commencent à
évoluer parce que le comité de pilotage existe depuis 2010.
9) Quel message lancez-vous ?
D’abord un message pour les
autorités qui doivent prendre conscience que la question des problèmes
liés à la baie de Hann n’est pas seulement locale, mais en réalité, elle
est globale pour ce concerne des problèmes liés à l’environnement. C’est nous
qui vivons les conséquences immédiates, mais à long terme elles
impacteront négativement sur l’ensemble de la population sénégalaise.
Malheureusement, nous n’avons pas la culture de la prévention e t
d’anticipation au Sénégal.
Ensuite, il y a le Code l’environnement qui doit être appliqué. Les populations doivent aujourd’hui s’approprier ce code, et prendre en charge leurs problèmes et défendre leur droit. Et je pense que nous allons dans cette perspective.
Ensuite, il y a le Code l’environnement qui doit être appliqué. Les populations doivent aujourd’hui s’approprier ce code, et prendre en charge leurs problèmes et défendre leur droit. Et je pense que nous allons dans cette perspective.
Pour la population, nous ne devons
jamais cesser de les sensibiliser sur les questions de l’environnement et
ceci dès le bas âge. Nous, nous l’avons tellement bien compris que nous allons
dans les écoles, pour y jouer des pièces de théâtre, et y encadrer
les élèves. Sur ce plan, on est prêt et ce sont les autorités qui doivent jouer
le jeu pour qu’il ait une synergie globale autour de la baie de Hann en
particulier et des questions environnementales en général.
Interview
réalisée par
Baye Salla MAR
Baye Salla MAR
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