jeudi 14 juillet 2016

Reportage : Plus que deux cent (200) jours pour atteindre l’autosuffisance alimentaire en riz au Senegal.


« Il faut qu’à partir de 2017, nous n’importons plus un kilogramme de riz ». Déclarait  Macky Sall, lors de sa  tournée  dans la vallée du fleuve, en octobre 2014.Une évidence, il faut que le Sénégal apprenne à se nourrir tout seul. Et pour ce faire, par l’intermédiaire du ministère de tutelle, le Président  souhaite exploiter les dix-huit mille (18000) kilomètres  de terres de la vallée. En atteignant une production d’un million six cent (1.600.000) de tonnes de riz en 2017. 


L’eau, la terre, et le capital, tels sont les trois fondamentaux pour  réussir un projet agricole. L’épine dorsale de cette activité repose sur la maitrise de l’eau. Etat de fait soutenu par le doxa multimillénaire, partagé par tous : « L’Egypte est un don du Nil ». En effet, si le Nil en tant que ressource environnementale conditionnait l’activité économique et sociale de l’Egypte. Les experts  de la SAED le savent, la prospérité de la vallée et du pays dépend de la gestion du fleuve Sénégal. Au même titre que La maxime égyptienne, ce  tentaculaire objectif revient en boucle sur les médias, dirige  la conscience des producteurs de la vallée. Et se définit comme étant, « la possibilité pour un pays de subvenir à ses besoins alimentaires de son peuple par sa seule et propre production». Appliquée au riz, Sera-t-il possible de venir à bout de ce souhait du Président ? Cette « grande offensive » ou « grand bond » comme on l’a déjà entendu sous d’autres expressions est - ce relevable ?  Les producteurs sont-ils en phase avec les dires du chef de l’Etat ? Est-ce une mesure durable ? Passons au scanner l’état de confiance des différents acteurs avec ce reportage de quoi de vert mag.

L’abondance ou l’émergence théorisée par l’actuel président sénégalais « repose sur le roc de l’agriculture conventionnelle ». Intrants, fertilisants chimiques, herbicides, station de pompage, conduite des eaux, systèmes d’irrigation de pointe, tracteurs… tous les moyens sont mis en route pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz sous le drapeau de l’agriculture intensive, dans moins de deux ans. Pour nous en convaincre, nous avons fait un déplacement à « thilène » et à «  Ndiaye Mberes » dans la vallée du fleuve sénégal  pour mesurer l’ampleur de ce challenge politique.
 



« C’est avec ce riz  de qualité que l’Etat a opté, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici 2017 ».
Il est 16 heures. Après trois heures  (3heures) de route et  270 kilomètres à notre actif. Nous venons de poser nos valises à Saint- louis. Il nous a fallu 35 kilomètres de plus pour rencontrer notre guide. Avant de prendre la direction des espaces aménagés, devant accueillir une partie des projets du défi agricole.

 « Dakar doit acheter le riz national  pour faire chuter les exportations ». 
observe Serigne Mansour Diop, conseillé agricole à la SAED, dans la zone du lac de Guiers, revient sur la chaine des valeurs, et explique que : « pour la production de riz au Sénégal, la chaine des valeurs part de la demande de crédit au niveau de la CNCA, les producteurs au niveau  des unions de bases formulent leur demande de crédit, passé cette étape des bons sont délibérés en travail des sols, en eau ,en engrais, en semences ;après les bons. On met en marche les stations de pompage, qui sont gérées par les producteurs avec l’hydro-location, ils payent  75 .000 Cfa au casier par l’hectare, il y’a aussi un pompiste qui est engagé par l’union locale.  Des tracteurs (faisant référence aux mille tracteurs commandés au Brésil) sont mis à leurs dispositions par l’Etat au moment du travail des sols, les unions de bases donnent des bons de CNCA aux prestataires de services.  Les procédures de mise en eau, les semis, l’entretien et le suivi des cultures en passant par l’engrais, les herbicides ; Souvent les difficultés tourne autour du  remboursement des crédits. Et il faut les sensibiliser à rembourser à temps. Et c’est un problème parce que chaque fois ils ont des alibis mais un diagnostic a permis de comprendre que le riz n’était pas vendu à temps, ou des soucis d’écoulement. Actuellement la nouvelle organisation a épongé les dettes et les producteurs peuvent repartir sur de nouvelles bases.
 Nous avons deux types de récoltes à ce stade, récolte manuel, et mécanisé.

 Pour les moissonneuses batteuses elles y’en a pas trop dans le delta, mais il y’a l’Etat qui promet de renforcer le parc automobile en moissonneuse batteuse. Après les récoltes battages ; Nous passons au conditionnement dans certaines zones, on avait constaté le manque de stockage mais pour cette année l’Etat a construit des magasins de stockage pour conserver le riz et les cultures de maraichages comme l’oignon, après le stockage, il y’a la transformation qui est assurée par les prestataires de services, les industrielles, des privés, qui y’ont des décortiqueuses locales, qui ne sont pas de la dernière génération et ne contenant pas de trieuse ; Pour les décortiqueuses standards, nous obtenons du riz de qualité après décorticage donc ce riz de qualité va permettre aux producteurs d’exporter son riz. S’il le souhaite ou de vendre dans le marché local donc c’est avec ce riz  de qualité que l’Etat à opter, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici 2017. Dans la chaine de valeur, il y’a aussi les femmes, qui sont d’un apport incontournable.

Pompiste de la station de « Mberes » à quelques encablures du pont gendarme et président d’union à « poolo» Mactar est un producteur d’oignon. Ses terres s’étendent sur moins d’un hectare.Il y cultive de l’oignon que l’on désigne sous le vocable de « Ngagne Mbaye », sa production est à 200 sacs, son prix varie entre 8.000 mille et 10. 000 mille sur le marché.sa culture dure quatre mois, et le poids des contenants est de 45 kilos,     



-               La maitrise de l’eau, une pierre angulaire :
Les statistiques mondiales,  imputent à l’agriculture 70% de la consommation mondiale. Avec l’explosion démographique, les données mondiales sur l’eau pour l’agriculture ont été multipliées par six entre 1900 et 1975.
Comme technique pour une meilleure optimisation de la ressource, l’irrigation .Pratiquée par submersion au sein de la rizière. Elle se  matérialise  par différentes phases, pompage, conduite, et arrosage. Des vannes   assurent la rétention et la diffusion de la ressource vitale au niveau des canaux. Selon les explications de Mansour DIOP, Elles s’autorégulent par rapport au débit. Et l’arrosage dépend des besoins elles peuvent libérer entre « 5 litres par seconde à 50 litres par seconde ».

-          La confiance s’installe chez les producteurs pour nourrir le Sénégal.

Histoire de  mesurer l’état de confiance des producteurs, il n’existe pas meilleur baromètre que d’aller à la  rencontre les acteurs. Il est  18 heures, nous voilà dans les magasins de stockage de riz de thiélène. Traité après la récolte, la mise en sac s’opère avec la balance pour peser le sac de 50 kilos qui coute « 14.000 mille Cfa sur le marché. Tandis que le sac de 25 kilos se vend à 7.000 mille Cfa » observe Déguène, responsable des lieux. 
 Pour le président de l’union de thielène, il existe une très grande différence entre les anciens projets et celui –ci. Il  argue que : « Contrairement à la GOANA de l’ancien président, nous constatons une très grande différence, l’autosuffisance en manioc a connu un échec pour la bonne et simple raison qu’on nous avait imposé cette culture qui nous ait étranger. En ce qui concerne le riz nous sommes enthousiastes, d’entamer sa culture, car c’est notre domaine. Nous devons vivre de notre riz, il a plus de qualité que le riz importé. »
A la question de la commercialisation, il estime que : « il y’avait trop  de résidus, et au même titre  que les cars rapides à Dakar, il a fallu mettre les bus tata en circulation pour alléger le transport ; c’est la même approche qu’il faut adopter. Il faut récupérer les décortiqueuses artisanales, et remettre des décortiqueuses standards aux propriétaires. »
« Tous les moyens sont réunis pour l’atteinte de l’autosuffisance. » L’état de confiance pour accéder à « l’autosuffisance alimentaire » en riz est Selon le producteur  un objectif à atteindre ; « Car un paysan sénégalais peut nourrir dix sénégalais. » Soutient Mambeye , avant notre retour à la ville de saint – louis.

-          La sécurité alimentaire : Oui ! Mais à quel prix ? la mécanisation de l’agriculture et l’introduction à outrance d’herbicides voire de fertilisants chimiques n’ont-t-elles pas des conséquences incalculables sur l’environnement ?
L’agriculture intensive permet l’atteinte d’un certain niveau de rendement. Mais le risque pour les sols est notoire. Déjà, les aménagistes des terres doivent faire face au phénomène de la salinisation des terres. Si l’on en croit les  propos de Badara, jeune exploitant, et habitant de thilène : « Des terres aménagées et abandonnées par la SAED sont toujours dans l’inertie  à SANAR». Ce que nous confirme Mansour Diop technicien de la SAED. Et si l’on sait que : « La perte de terres arables du fait de la salinisation des sols dans le monde représente 500 m2 par seconde, soit 3 hectares chaque minute et près de 1, 57 million d'hectares perdus chaque année, souvent de manière irrémédiable ».
 L’échéancier agricole entraine l’usage démesuré de nitrates et des produits phytosanitaires .A l’heure où les pays victimes de la « révolution verte » restructurent, repensent  et transitent vers d’autres paradigmes agraires. Mettant en corrélation la production agricole et la protection de l’environnement. Le Sénégal opte pour l’intensification de son agriculture au risque de perdre ses sols arables, et de contaminer ses effluents avec de la chimie non maitrisée. Manger sain rime avec sécurité alimentaire   Nous disent les souverainistes.

-                Le foncier, un ingrédient du  « syndrome indien » :

En Inde, 250 000 agriculteurs se suicident chaque année à cause de l’expropriation des terres et de l’instabilité de l’agriculture, selon le National crime bureau records. Pour ne pas en arriver là, argue badara « je pense qu’il faut essayer d’intégrer la vie sociale de l’agriculteur et étudier les paramètres de solvabilité d’un paysan. Il a comme unique  garantie son champ. Il poursuit : « Durant toute la période agricole, il s’endette en aval espérant toujours le bon résultat de son récolte pour payer sans ce résultat escompté. Sa terre est hypothéquée et reprise par les préteurs », faisant référence à la banque. En deux ans, plus de cinquante millions d'hectares ont déjà changé de mains. Et des dizaines de millions d'autres sont en voie d'être cédés. À tel point que l'ONU s'en est alarmé : le patron de la FAO de l’époque, Jacques Diouf, a dénoncé « le risque d'un néo-colonialisme agraire ».
                                                                                                                        Par Pape Mbor

                                                                             



lundi 30 mai 2016

"Et l’énergie libéra l’homme !"




L’un des mythes fondateurs de l’abolition de l’esclavage repose sur une vérité  et un mensonge.La vérité, c’est que même persécutés, vendus et déportés ou violés, les esclaves ont toujours montré de la résistance face à  leurs «maîtres» et  «contremaîtres». Le mensonge, c’est qu’après plusieurs  siècles  de crimes et de privations de liberté des esclaves, le code génétique  des esclavagistes aurait été subitement modifié et qu’ils seraient devenus bons. 

Aujourd’hui, en se situant dans la logique des événements et par rapport aux questionnements de notre époque, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que l’abolition de cette tragédie odieuse, qui s’est jouée  entre l’Europe, l’Amérique  et l’Afrique,  a toujours  eu comme soubassement une rationalité purement économique. 

Un examen plus approfondi du contexte  d’alors et de ce qui s’est passé aux Etats-Unis dans les années 1830, montre bien  que si l’esclavage a été aboli le 27 avril 1848, quelque part, des alternatives beaucoup moins coûteuses étaient à la  portée des  acteurs qui tiraient profit de la traite des esclaves. Dans un monde globalisé où tout est fait pour consommer et s’épanouir, il est clair que pour se maintenir en vie, un organisme doit tirer  plus d’énergie pour sa nourriture qu’il n’en dépense pour la trouver. L’homme a réussi à contourner cette difficulté, par le développement de la machine et l’exploitation de l’énergie extra corporelle. Parmi ces dernières, les plus connues sont le charbon, le  gaz naturel et le pétrole que la terre a formées à partir de la matière organique en décomposition sous l’effet de la pression, de la chaleur et de processus intenses. 

En 1830, le colonel Derek  fora le premier puits de pétrole à Dallas aux Etats-Unis. Ceci constitua un moment décisif  dans l’évolution du système comptable mondial. Une grande partie de ces énergies fossiles a été utilisée par les pays occidentaux ; et c’est sans doute ce qui a été à la base de leur développement et de leur puissance. 

L’énergie fossile suscita, dès lors, la convoitise des grandes puissances, qui se détournèrent de leur intérêt envers la force motrice de l’homme noire, qui était jusqu’ici la pièce angulaire de l’économie occidentale. Et pour cause ! Selon Jean-Marc Jancovici, spécialiste des questions d’énergie et du climat, un être humain au travail, après une journée de grosses transpirations,  restitue  en moyenne  10 à 100 kWh  d’énergie mécanique sur une année. Alors que dans un litre de pétrole que consomme une machine, nous avons la performance, en termes de  transformation de l’environnement, de 10 à 100 personnes au travail de force sur une journée. Du coup, l’esclave devient peu productif  à côté du nouveau et précieux liquide : le pétrole.
En plus de ses contre-performances, l’esclave est, avec la découverte des énergies fossiles, considéré comme un être encombrant qu’il faut  acheter, loger, nourrir et soigner pour le maintenir en force et surveiller pour l’empêcher de s’enfuir : tant de peine et de charges pour le maître. 
Dès lors, il apparaît comme un non sens économique de continuer le commerce des esclaves quand, à côté, la machine qui  travaille 24h/24  fournit le même résultat de transformation de l’environnement  et revient entre 10 et 100 fois moins cher en coût marginal que l’esclave. 
 
A partir de ce constat, nous voyons nettement comment l’énergie à profusion a permis  non seulement de soulager l’homme, mais aussi d’abolir  l’esclavage. Donc derrière les véritables raisons qui ont poussé les pays occidentaux à abandonner la pratique de l’esclavage, se cache une rationalité économique, même si le journaliste Victor  Schœlcher de par  ses écrits  et ses prises  de position, a  longtemps agi en faveur de l'abolition définitive de ce dernier en France. Une abolition qui fut finalement  signée par le gouvernement provisoire de la 2e République via le décret d’abolition du 27 avril 1848.
Défini comme l’unité de compte de la transformation du monde qui nous entoure, l’énergie intervient   dans la modification d’une température, d’une vitesse, d’une forme ou d’une composition chimique. Actuellement, la quantité d’énergie mécanique fournie par les énergies fossiles est de l’ordre de 20 000 kwh/pers/ an dans le monde.

La majeure partie da la quantité des énergies fossiles qui reste dans le monde est enfouie dans des gîtes et autres réservoirs de matières premières appartenant à des pays sous-développés. Malheureusement, certains dirigeants de ces pays sous-développés continuent de subir le diktat de puissantes organisations, tapis derrière des multinationales occidentales qui deviennent de plus en plus riches  grâce à l’argent de ces énergies fossiles. D’autres sont manipulés ou renversés à cause de ces énergies fossiles.
Dans ce contexte où les aspirations de progrès rejoignent les préoccupations d’exploitation de leurs propres ressources naturelles, les populations locales de ces pays sous-développés  ne tirent pas parti  des richesses de leur terre natale,  dans la mesure où la nature ne le permet  ni moralement ni matériellement. Contrairement aux thèses abolitionnistes qui nous étaient toujours servies à l’école primaire  (les esclavagistes subitement devenus bons) et qui ont en partie laissé une encre indélébile dans notre mémoire de jeunes Africains,  ce crime qui n’a jamais été justifié continue d’affecter  encore non seulement  le  cœur et l’essence même de notre identité africaine, mais aussi ceux de ces millions de descendants d’esclaves dont le seul tord était d’avoir été nés  sous une même ère, résidant sous une autre aire, respirant le même air que les architectes de la ruine de notre continent où partout la misère et le désespoir ont les mêmes effets chez la population. 
 
Au Sénégal, la découverte annoncée  du pétrole  et du gaz naturel au large de nos côtes suscitent déjà des intérêts et  aiguisent des appétits. L’histoire retiendra que c’est sous le règne du président Macky Sall (s’il est réélu)  que le Sénégal a vu sortir de terre ses premiers barils de pétrole (made in Sénégal). 

Dès lors, ce sont les actes posés aujourd’hui qui détermineront l’image qu’il laissera à la postérité. Pour ne pas sombrer dans la violence, les rapts  et les actes de sabotage que se livrent sans merci compagnies pétrolières occidentales et peuple Ogoni dans le Delta du Niger,  compromettant ainsi l’aspiration de notre pays au développement, il faudrait que tous ensembles nous ayons  la mentalité de notre époque  en transformant cette poche de soleil que dame nature a bien voulu mettre à notre disposition en succès commerciaux pour notre pays ou, malheur !  nous subiront toutes  les souffrances  de notre époque. 


                                                                                           Baye Salla MAR
Directeur de Publication
    du Magazine ‘’ Quoi de Vert ? ‘’