mardi 1 avril 2014

Changement de mode de cuisson et conservation des ressources naturelles

Cliché/ANEV
De nos jours, l’accès à l’énergie est de plus en plus une préoccupation majeure pour les populations rurales en Afrique subsaharienne. Environ 600 millions d’Africains, essentiellement en milieu rural, n’ont pas accès à l’énergie (PROGEDE 2010).
Au Sénégal, la principale source d’énergie est le bois et ses dérivés. Or, avec les effets cumulés des facteurs climatiques et anthropiques, on note une  diminution des surfaces forestières rendant ainsi les combustibles ligneux rares et hors de portée des populations les plus démunies dont les besoins augmentent d’année en année.

Pour pallier ce déficit énergétique et réduire la pression sur les ressources forestières, le gouvernement du Sénégal, à travers le Projet écovillage PNUD FEM, tente, d’une part, de  promouvoir les foyers en banco («foyer ban ak souf») et, d’autre part, d’introduire les biodigesteurs comme alternative des modes de cuisson au niveau des ménages.

Concrètement, le projet écovillage PNUD FEM a eu, dans la zone d’emprise de son projet (20 villages et environs 400 ménages), à organiser les femmes en groupements et à les former dans la fabrication des foyers en banco et également à leur offrir des moules pour la fabrication. Sur cette base, les femmes ont eu à demander à chaque ménage la somme de 1 500 FCFA (3 US $) répartit comme suit :
(i)                            1/3 pour l’acquisition du matériel (argile, paille, bouse de vache, etc.),
(ii)                          1/3 pour le groupement de femmes et

(iii)                         1/3 pour le comité villageois de développement (notamment pour la pérennisation des actions). 


Cliché/ANEV



D’un autre côté, une ligne de crédit énergie à été ouverte pour permettre aux ménages d’accéder à la technologie du biogaz. Cette ligne de crédit est accompagnée d’une subvention de l’Etat (160 000 FCFA/unité) assurée à travers le Programme national de biogaz.Le biogaz est composé de gaz comme le méthane (entre 40 et 70 % en volume), le dioxyde de carbone (entre 30 et 60 % en volume), le dihydrogène (entre 5 et 10 % en volume) et d’autres gaz en faibles proportions (l’azote, le sulfure d’hydrogène et la vapeur d’eau) (Lam, J & Heegde, F., 2010). Il est obtenu par bio méthanisation anaérobie. Sa production se fait lors du processus de dégradation de la matière organique par la flore bactérienne présente dans les déchets animaux, humains et végétaux .
 
Cliché/ANEV

Ainsi, avec la mise en œuvre du projet, l’ensemble des ménages dispose de foyers en bancos et une cinquantaine de biodigesteurs ont été réalisés (soit 1 ménage/8).

 


Les impacts…
Cliché/ANEV


… Économiques…
Parce qu’ils sont économes en bois de chauffe par rapport à un fourneau traditionnel, les fourneaux améliorés permettent à un ménage d’économiser chaque année jusqu’à 50 000 FCFA (70 ) et sont les moteurs de l’esprit d’entreprise auprès des femmes, notamment à travers la commercialisation des foyers qui rapportent 500 FCFA/ménage au groupement et autant pour le fonds villageois de développement.

… Sociaux…
Sur le plan de la santé publique, les fourneaux améliorés ont un avantage certain, car leur utilisation permet aux ménagères d’éviter certaines maladies liées aux infections respiratoires et des yeux.
De plus, avec l’utilisation de ces foyers, il y a un gain de temps qui peut être mis à profit pour le renforcement des capacités des femmes et des jeunes filles.

… Environnementaux
L’utilisation des fourneaux améliorés a des impacts significatifs sur l’environnement.
En effet, tenant compte que la consommation moyenne en bois d’énergie est de 10kg/ménage/jour (PROGEDE 2012) et que les fourneaux améliorés réduisent la consommation de bois d’environ 40 %. Il ressort que le prélèvement évité grâce à l’utilisation des foyers en  banco est de : 4*350*365 = 511 000 kg de bois énergie/an et celui évité grâce à l’utilisation cumulé du biogaz et du foyer en banco est de : 10*50*365=182 500 kg de bois énergie par an. Soit un total de prélèvement évité dans la zone d’emprise du projet estimé à 693 500 kg de bois énergie/an.
Considérant que : 1 stère = 0,65 m3 = 450 kg de bois sec, la déduction de l’équivalence de la consommation annuelle en bois énergie en m3 sera de : 693 500*0.65/450 = 1 000 m3. Tenant compte d’une forêt estimé à 4,25 m3 de bois par hectare (selon les  résultats inventaires effectué par l’IREF en 2012). La superficie déboisé évitée est de : 1000/4.25, soit 235 ha /an.





















Ibrahima SALL
Agro-économiste
























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