mardi 1 avril 2014

LES ECOVILLAGES Où en sommes-nous au Sénégal ?

ANEV
Après quatre ans de mise en œuvre du programme de transformation de villages en écovillages, l’Agence nationale des écovillages (ANEV) présente le bilan partiel des réalisations. Les actions menées dans les différents sites d’intervention ont permis de promouvoir le développement économique, social et environnemental basé sur la participation et la valorisation du savoir local, l’accès à l’énergie et la maîtrise de l’eau.Intervenu dans trois écovillages en 2010, au titre de l’année 2014, le cumul des écovillages où l’agence a développé des actions se chiffre à  74. Cette importante progression de transformation de villages en écovillages a été rendue possible grâce à l’appui des projets PNUD-FEM et JICA, démarrés respectivement en octobre 2011 et 2012.

Au cours des quatre années de mise en œuvre, le bilan des réalisations exécutées à travers les huit composantes se présente comme suit :

Composante 1. Amélioration de la gouvernance locale
Les actions réalisées dans cette composante portent sur :
-          l’établissement de situation de référence socioéconomique dans 20 écovillages en vue de faciliter l’appréciation des interventions ;
-           l’élaboration des lignes de base de la séquestration du carbone et de la diversité biologique dans 20 écovillages ;
-          l’élaboration d’une stratégie et d’un programme national des écovillages ;
-          la réalisation de  plans de gestion écologique au profit de 11 écovillages ;
-          l’appui à la mise en place de 74 comités villageois de développement (CVD) et 11 comités intervillageois de développement (CIVD) pour la gestion des affaires locales et la pérennité des activités ;
-          l’organisation de série d’actions de sensibilisation, d’information et de communication, à l’endroit des paysans et des partenaires au développement ;
-          la formation de 1 305 paysans dont 933 femmes en maraîchage (micro jardinage et culture sous serre), en technique de fabrication de foyers améliorés, en aviculture familiale, en apiculture, en pisciculture, en boulangerie et pâtisserie. A cela s’ajoute le renforcement de capacité de 21 agents  dans divers domaines (gestion de projet, production végétale et animale, cartographie, bilan carbone, etc.) ;
-          la création de 11 périmètres écologiques abritant le développement de chaînes cohérentes de production ;
-          la mise en place de plateformes de concertation et de coordination des activités à l’échelle régionale et la détermination d’un référentiel sur les villages et leur état de transformation en écovillage dans les régions de Fatick, Louga et Thiès.

Composante 2. Amélioration de l’accès aux énergies renouvelables
Les activités développées concourent à la résolution des problèmes d'éclairage, à l’amélioration à l’accès à l’énergie de production et de cuisson. Les actions menées portent sur :
-          la mise en place de 8 mini centrales solaires pour l’éclairage des ménages et des voies publiques, ainsi que l’énergie nécessaire pour le développement d’activités socio-économiques (moulins à mil, décortiqueuse, etc.). La production de 14 7861,7 kWh/an d’énergie électrique solaire photovoltaïque par ces mini centrales a permis d’éviter 14 7890,262 Kgeq CO2/an. 
-          la réalisation de 80 biodigesteurs fonctionnant à base de bouse de vache correspondant à une superficie déboisée évitée de près de 100 ha, produisant 800 m3/jour de gaz pour la cuisson et 400 t/an des fertilisants pour les cultures ;
-          la fabrication de 2 200 foyers améliorés (foyers banco et métallique) correspondant à une superficie déboisée évitée estimé à 1 100 ha.

Composante 3. Amélioration de l’accès à l’eau
Il s’agit de mobiliser la ressource eau et de faciliter sa distribution pour la boisson et le développement d’activités de production. Les actions réalisées portent sur :
-          l’installation de 11 motopompes photovoltaïques dans les périmètres écologiques pour l’exhaure de l’eau pour la production végétale (maraîchage et arboriculture) et animale (pisciculture) ;
-          la construction de 6 châteaux d’eau pour faciliter la distribution de l’eau dans les périmètres écologiques ;
-          l’installation de 2 500 gaines irrigasc et des bassins de collecte d’eau pour la satisfaction des besoins en eau dans 10 périmètres écologiques ;
-           la construction de 30 latrines et bacs à laver dans le domaine de l’assainissement.

Composante 4. Promotion des productions agro-sylvo-pastorales
Les activités développées s’inscrivent dans l’adaptation et l’atténuation des effets des changements climatiques sur les systèmes de production et dans l’augmentation des capacités de séquestration du carbone. Les actions réalisées portent sur :
-          la création et la consolidation de 11 réserves naturelles communautaires (RNC) d’une superficie totale de  206 353 ha avec un potentiel de séquestration du carbone. Dans les réserves, on note des gains nets de biomasse de 1,7 à 2,4 m3 par ha et par an, pour un accroissement moyen de 97 tiges par ha et par an, au seuil d’inventaire de 5 cm de diamètre. Soit pour les 206 353 ha de RNC, l’équivalent d’un effort de reboisement annuel moyen de  20 016 241 plants de plus de 5 cm de diamètre. Au prix de 400 FCFA le plant, ce qui équivaut à une économie de près de 8 milliards de FCFA, si on doit produire les mêmes nombre de plants de manière classique (en passant par les pépinières) ;
-          la réalisation de 8 conventions locales pour la gestion des ressources naturelles des écovillages ;
-          l’intensification des cultures par l’introduction de semences améliorées et de fertilisants ;
-          l’introduction de 8 béliers ladoum, 1 400 coqs raceurs, 215 pintades, 7 couveuses, 1 000 ruches pour l’apiculture, 3 bassins et 4 étangs pour la pisciculture.
Toutes ces actions rentrent dans le cadre de la diversification de la production animale.
-          la production cumulée de plus de 1 000 000 plants ;
-          le reboisement, en moyenne 400 ha de plantations massives et 35 km de plantations linéaires sont réalisés chaque année ;
-          l’aménagement d’au moins 300 m2 pour le développement du maraîchage dans chaque périmètre écologique ;
-          le financement de 98 microprojets pour un montant total de 13 000 000 F CFA pour le développement du petit commerce, de l’embouche, de la tannerie et de la pêche.

Composante 5. Amélioration de l’accès aux infrastructures socioéconomiques
Les activités s’inscrivent dans l’amélioration de la pharmacopée et la diversification des sources de revenus ainsi que la diminution de la pénibilité du travail des femmes et des enfants. Les actions réalisées au titre de l’amélioration des infrastructures sociales portent sur :
-          la réalisation dans chaque périmètre écologique d’un arboretum d’au moins 0,5 ha de plantes médicinales ;
-          la mise en place de 7 cyber cases avec acquisition d’ordinateurs au profit des élèves des écovillages pour réduire la fracture numérique ;
-          la réalisation d’entreprise de transformation agroalimentaire par la mise en place de 6 moulins à mil, 3 boulangeries pour la fabrication de pain et 2 décortiqueuses à riz ;

Composante 6. Promotion du secteur privé local
S’agissant de la promotion d’opportunités d’affaires, les actions réalisées dans cette composante portent sur :
-          la construction de 2 campements touristiques dans les écovillages de Lompoul et de Dar Salam ;
-          la mise en place d’une ligne de crédit de 25 000 000 FCFA ;
-          l’installation de 4 plateformes multifonctionnelles ;
-          la construction d’un magasin de froid radiatif,
-          la confection de 3 unités de fabrication de savon.

Composante 7. Architecture écologique  et amélioration du cadre de vie

Les actions réalisées dans cette composante portent sur :
-          l’introduction de 1 000 poubelles de couleur différente pour le tri des déchets à partir des foyers dans les écovillages ;
-          l’acquisition d’équipements de sonorisation ;
-          l'aménagement d'espaces ludiques et récréatifs dans les écovillages.

Composante 8. Financement durable

Cette composante a pour objet de promouvoir des nouvelles opportunités de financement, notamment l’accès au micro-crédit et la mise en place d’un système de monitoring pour faciliter l’accès au financement carbone.
A cet effet, l’étude de la ligne de base sur le carbone a été effectuée dans les réserves naturelles communautaires des écovillages en vue de l’élaboration de projet à soumettre au marché du carbone.
D’après les résultats déjà obtenus, on peut conclure que le programme national des écovillages procure aux populations rurales des bénéfices importants sur les plans économiques, sociaux et écologiques. Ces résultats constituent, a priori, un facteur déterminant pour amorcer la croissance économique dans les écovillages.

Adama KONE
MS Agroforesterie


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