Le développement durable est
reconnu par nos lois comme un principe d'action fondamental et s'affirme comme
un objectif mondial qui doit guider la prise de décision, que celle-ci
soit de nature politique ou économique.
Difficile
à appréhender et diversement appréciée, parfois même de manière contradictoire,
l'idée du développement durable
implique la reconnaissance de l'interdépendance des systèmes constitutifs de
la société humaine - système social, infrastructures, activités économiques… -
et de l'environnement qui les englobe.
Cette
interdépendance implique qu'il existe des liens et des échanges entre la
société et son environnement.
L'écologie
industrielle (EI) explore cette interdépendance et propose de considérer
le système industriel comme une forme particulière d'écosystème.
La
démarche offre une vision nouvelle de nos modes de production et de
consommation, et révèle des potentiels importants de diminution des impacts
environnementaux par une restructuration de l'ensemble des activités
économiques.
Les
activités industrielles sont de fortes consommatrices de ressources
naturelles et génèrent un certain nombre de pertes comme les déchets
ou les rejets liquides.
Conscientes
de ces pertes, les entreprises se dotent de systèmes permettant de les limiter
et de les traiter.
Malheureusement,
ces approches reposent pour l’essentiel sur un traitement à la fin ou «end of
pipe», qui ne favorisent que rarement la réutilisation et génèrent une
concentration des pollutions (boues de station d'épuration ou cendres des
usines d'incinération).
De
plus, il existe d'autres pertes qui sont plus rarement étudiées comme la
chaleur, l'eau ou la vapeur, alors qu'elles pourraient être valorisées auprès
d'autres entreprises.
Par
rapport aux nombreuses approches de la gestion de l’environnement, l'écologie
industrielle présente trois spécificités :
- Le recours à un cadre
conceptuel faisant référence à l'écologie scientifique
- Une stratégie opérationnelle,
économiquement réaliste et socialement responsable
- Une approche coopérative :
l'écologie industrielle nécessite la coopération de nombreux agents
économiques qui, d'habitude, s'ignorent ou sont en compétition
Aujourd'hui,
nous savons qu'environ 20 % de la population consomment 80 % des ressources
de la planète.
Cette
forte consommation commence à montrer ses limites avec l'augmentation de la
croissance dans certains pays comme la Chine ou l'Inde où se pose la question
du partage des ressources de la planète.
Cette
évolution des marchés incite à mener une réflexion sur les sources
d'approvisionnement et sur l'optimisation de la consommation de la matière.
En
effet, compte tenu du caractère limité des ressources naturelles, la
société doit, selon les principes de l’écologie industrielle, tendre vers un
fonctionnement quasi-cyclique, caractérisé par des besoins et des rejets
limités, à l’image des écosystèmes matures.
Pour
tendre vers ce modèle, il est nécessaire de réorganiser le système
productif, notamment à travers quatre grandes stratégies d’action (développées
en 1998 par Prof. SurenErkman dans son ouvrage de
référence Vers une écologie
industrielle)
- Valoriser systématiquement les
déchets
- Minimiser les pertes par
dissipation
- Dématérialiser l'économie
- Décarboniser l'énergie
Lors
du prochain numéro, des précisions seront apportées sur le cadre conceptuel et sur les quatre
stratégies d’action.
Dr Papa Abdoulaye FALL
Consultant environnementaliste et enseignant
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